Dans une décennie il fêtera ses 1000 ans d’existence. Une longévité possible grâce aux travaux et à l’entretien des propriétaires successifs et de façon plus contemporaine, porté par la passion d’un couple Mathilde Béjanin et Hubert Naudeix. Fabienne Menouar, Vice-Présidente à la Culture, est allée à la rencontre de ces passionnés qui chaque année, ouvrent le site au public à l’occasion des journées du patrimoine. En attendant septembre, nous vous partageons cette visite VIP…
C’est au détour d’un retour de vacances que le coup de foudre pour le site est né. D’autant plus que la famille, originaire de la région parisienne et vivant à Arles depuis 15 ans, avait déjà en tête un projet de restauration. C’est alors que l’aventure commence avec la restauration complète du château alors en péril : toiture, menuiseries, consolidation des points structurels préoccupants, électricité, plomberie, chauffage, jardin….
Une bonne nouvelle pour le village et ses habitants qui voyaient revivre le vestige. Des travaux majoritairement réalisés par des entreprises locales : A l’exception des menuiseries des huisseries (Arles) et de la restauration des stucs (Mondragon), tous les artisans choisis sont situés dans un rayon de 20 km. Et notamment du très local : , SJS Maçonnerie, La Touche, LA Studio Menuiserie, La Touche, Oliv’elec, Portes en Valdaine, Thierry Pascal Terras, La Bâtie-Rolland
Généreux par nature, les propriétaires du lieu souhaitent partager leur passion et la magie du lieu. C’est ainsi que le château reçoit des évènements culturels : concerts, pièces de théâtre, conférences, mais aussi des groupes de visiteurs axés patrimoine sur demande et le public gratuitement lors des Journées du patrimoine (2022 : près de 300 personnes). Des rendez-vous qui devraient se multiplier grâce à l’enthousiasme des propriétaires au travers de la création d’une association.
Le Château n’est ni classé ni inscrit malgré son intérêt architectural et historique, témoins de l’histoire locale. L’Architecte des Bâtiments de France est cependant venu pour prendre connaissance du projet. Le projet a été sélectionné, en 2019, dans le cadre de la mission Bern soutenue par la Française des Jeux et la fondation du Patrimoine.
Historique
Construit au XIe siècle, le château de la Touche fait partie de la trentaine de châteaux et maisons fortes construits autour de Montélimar par la famille des Adhémar. De ce passé militaire, subsistent une bonne partie des fondations et le mur crénelé au sud fermant la cour.
Au XVe siècle, le château devient la propriété des Urre de la Touche qui soignent l’aspect résidentiel du logis, avec la construction de la tour d’escalier hors-oeuvre de la cour, de la galerie sur croisées d’ogive et de la grande cheminée de la salle des gardes au rez-de-chaussée.
En pleine guerre de religion, les propriétaires complètent à nouveau leur défense, érigeant la tour ouest (tour en éperon) et le châtelet d’entrée muni d’un nouveau pont-levis.
Au début du XVIIe siècle, les Lattier héritent du château et réalisent des transformations profondes en créant un premier étage dans le goût du grand siècle : vastes pièces en enfilade décorées de stuc et s’ouvrant sur la perspective de la campagne par de grandes fenêtres… Dans un souci de symétrie avec la tour en éperon, la tour située à l’est est édifiée. Mais le grand projet architectural des Lattier restera inachevé comme en témoignent de nombreuses traces d’attentes à plusieurs endroits du château…
Après la Révolution, le château accueille divers propriétaires.
Une filature de soie est édifiée dans un bâtiment perpendiculaire à la façade principale, curieusement construit en partie dans le soubassement de la façade principale.
Dans son histoire la plus récente, en 1960, Manon Thomas, artiste céramiste proche de Picasso et de Cocteau, s’installe à La Touche avec ses trois enfants.
Inhabité depuis 10 ans, le château a été est acquis en 2017 par les précédents propriétaires qui se sont montrés sensibles à la dimension familiale et culturelle du projet.